Sida : Les associations face à un autre virus

Décembre n’est pas seulement le mois des fêtes, c’est aussi celui de la lutte contre le sida. Cette année, la situation est particulièrement inquiétante : le Conseil national du sida observe une baisse de 650 000 tests du VIH. Alors que les yeux sont rivés sur le coronavirus, les associations tentent tant bien que mal de se faire entendre. À Bordeaux, les associations locales se mobilisent pour lutter contre le VIH. Rencontre avec les acteurs bordelais . 

LE DÉPISTAGE EFFRAIE ENCORE 

Je sais que c’est important de se faire dépister, mais j’ai peur d’y aller. Je ne le ferai pas avant le déconfinement”. Comme beaucoup de jeunes, Jean-Baptiste, 22 ans, est inquiet à l’idée de réaliser ce test. “Qu’est ce que je devrais écrire sur l’attestation de déplacement ? Est-ce que je peux sortir pour ça ?”, s’interroge le jeune étudiant en psychologie.
Tous les moyens de communication sont bons pour sensibiliser les jeunes à la lutte contre le SIDA. Dans le cadre d’une soirée spéciale de lutte contre le VIH, France 3 diffusait le film 120 battements par minutes de Robin Campillo. “J’ai eu le déclic en regardant ce film”, raconte Jean-Baptiste qui a pris conscience de la nécessité de se faire tester.

Affiche de campagne pour la semaine de lutte contre le sida

Pourtant Santé publique France s’alarme d’une diminution du nombre de dépistage de près de 60% entre février et avril 2020 dû notamment à la crise du coronavirus. Les associations se mobilisent sur le terrain avec des campagnes de prévention. À Bordeaux, le collectif Sida 33 et le Centre gratuit d’information de dépistage et de diagnostic de Bordeaux (CeGIDD) ont organisé une campagne de dépistage flash test aux quatre coins de la métropole à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida. 

« On va à d’autres endroits qui changent d’année en année, on va à Stalingrad, Cours de la Marne…” Cet événement a aussi un autre objectif : faire de la communication autour du VIH et rappeler l’importance de se protéger et de se faire dépister. Mais cette année, le coronavirus les a obligées à se réorganiser. Les locaux des différentes associations ont été réquisitionnés. Malgré cela, le nombre de dépistage a été très faible. “Je pense que cela est dû à la baisse de la communication qu’il y a eu pendant le confinement”, justifie Maryse Tourne.

C’était trop calme !”, raconte Maryse Tourne, 74 ans. Bénévole au sein du collectif Sida 33, elle a participé à ces journées de dépistage. En tant normal, toutes les structures travaillant autour de la thématique montent un projet commun. Ils installent des tentes pour réaliser des tests. “On va toujours vers la place de la Victoire, lieu où il y a une certaine mixité sociale et qui n’est pas envahi par les touristes”, raconte Corinne Vincent, chargée de mission à la direction de la promotion de la santé du CeGIDD. Les actions se déroulent normalement toute la semaine un peu partout dans la capitale girondine.

Corinne Vincent au CeGIDD © Corentin Alloune

NE PAS BAISSER LA GARDE

Corinne Vincent, chargée de mission à la direction de la promotion de la santé du CeGIDD essaye de trouver des idées afin d’améliorer. “On sait qu’à cause du Covid, les personnes se préoccupant moins de leur santé sexuelle et je pense notamment aux plus précaires”. Concernant l’activité et la fréquentation du CeGIDD, “il y a eu une légère baisse mais on garde un rythme assez soutenu de dépistage !” souligne Corinne Vincent. 

La communication est essentielle mais toujours compliquée », explique Maryse Tourne. Durant le confinement, des flyers de prévention ont été distribués dans les commerces essentiels comme les pharmacies. Les associations se sont surtout mobilisés sur les réseaux sociaux. Sur sa page Facebook, AIDES Gironde a publié des témoignages et prévoit un échange sur live samedi prochain dans le cadre de la journée mondiale de lutte contre le sida. Environ 7,1 millions de personnes ne savent pas qu’ils vivaient avec le VIH en 2019 selon l’ONUSIDA. Le combat est loin d’être terminé. Avec la crise sanitaire, les acteurs associatifs redoutent que la situation empire.

Crédit: Anna Shvets

Corentin Alloune et Armelle Desmaison

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