Eglises taguées : le père Tantini espère que les coupables seront jugés

Dimanche dernier, Bordeaux s’est réveillée avec des tags injurieux sur les façades de huit églises et établissements chrétiens. Alors que le procès du père Preynat, jugé pour pédophilie, vient de se terminer, nous avons rencontré Bruno Tantini, le père de l’église Sainte-Croix.

Imprimatur : Dimanche matin, vous avez découvert des messages insultants sur les murs de votre église, comment l’avez-vous vécu?

Bruno Tantini : J’ai été choqué. Il était inscrit « Pas besoin de PAPA, le curé me viole déjà » à côté de la porte d’entrée, en lettres capitales. Cette inscription n’a pas de sens, les papas ne violent pas leurs enfants. Sur le côté, une phrase n’était pas terminée : « J’ai matché Man… ». Les tagueurs ont dû s’enfuir.

A la messe, je n’ai pas fait de remarques mais on a prié avec les croyants présents pour le salut des âmes des vandales. Un paroissien m’a proposé de venir l’après-midi pour effacer. J’ai accepté, surtout pour le verbe « violer », que je trouve choquant. Je ne sais pas s’il l’a fait puisque quand je suis repassé l’après-midi, la mairie avait déjà tout nettoyé.

D’autres lieux de culte de la métropole ont été touchés. Le propos des graffitis était homophobe ; critiquait l’opposition de l’Eglise à la Procréation Médicalement Assistée (PMA) ou réduisait, comme sur les murs de Sainte-Croix, les prêtres à des pédophiles.

Imprimatur : Ces injures sont sans doute une conséquence des accusations contre le prêtre Bernard Preynat, jugé la semaine dernière pour pédophilie.

BT : Oui, même si l’affaire est lyonnaise à la base, les médias l’ont largement diffusée. Ces informations sont terribles mais il ne faut pas oublier que la plupart des prêtres aident plus leur prochain qu’ils ne lui font du mal. Une fois, un homme m’a insulté de « curé violeur » devant mon église.

Ces tags sont affligeants mais il faut relativiser. Le plus triste, ce sont ces enfants qui ont subi des violences sexuelles et l’augmentation d’assassinats contre des chrétiens dans le monde, notamment à cause de Boko Haram. Selon les chiffres du Vatican, huit chrétiens sont tués par jour dans le monde…

Avez-vous porté plainte pour les dégâts subis par votre église?

BT : Oui, j’ai contacté mes supérieurs ecclésiastiques et la mairie qui est propriétaire de l’église, puisqu’elle a été construite avant la loi de séparation entre l’Eglise et l’Etat (1905). Ils m’ont demandé de porter plainte, c’est ce que j’ai fait. J’espère que les coupables seront arrêtés et jugés. Pas par vengeance mais par justice. Je ne sais pas de quoi est fait leur tête, leur cœur, mais j’espère que leur âme sera sauvée.

BT : Observez-vous une recrudescence d’actes anti-chrétiens ces derniers mois?
Oui, il y a quinze jours, des personnes ont uriné, déféqué et cassé des oeufs à Sainte Croix. Depuis, on laisse le bâtiment fermé. L’année dernière, une quarantaine de chaises a été brisée avec déchaînement, c’était triste à voir. Mais ce qui m’a le plus blessé, c’est lorsque la porte a été vandalisée « Jésus va aux putes » parce que c’est une attaque directe au christ. A côté, figurait le chiffre 666, celui du diable. Je suis aussi prêtre à Saint Michel et Saint Pierre. Là-bas rien à signaler. Sûrement parce qu’il y a toujours quelqu’un à l’intérieur…


Léa Surmaire

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