Les syndicats retrouvent de la voix

Relégués au second plan de la contestation populaire pendant près d’un an, les syndicats regagnent, avec le mouvement de grève à venir, l’influence partiellement perdue après l’arrivée des Gilets jaunes.

Après un an dans l’ombre des Gilets jaunes, qui aurait cru à un tel retour en force ? L’appel des syndicats à une grève nationale le 5 décembre s’annonce particulièrement suivi et la mobilisation devrait être une véritable démonstration de force de leur part. En témoignent les 60% de chauffeurs en grève annoncés à TBM, les 150 écoles girondines du premier degré fermées dans le département et la suspension de tous les TER de la région. Cette année les protestations syndicales ont pourtant montré de faibles signes de ferveur, contrairement aux mobilisations de Gilets jaunes. Alors pourquoi ce revirement ?

Les causes d’un renouveau

« Il y a une prise de conscience chez les gens. Ils se rendent compte que la grève est la seule solution pour faire reculer le gouvernement », explique David Vasseur, secrétaire général du groupement départemental de Force Ouvrière (FO) Gironde. Le syndicaliste en est convaincu : manifester uniquement le samedi est bien moins efficace qu’un soulèvement social organisé qui engendrerait un gel de l’économie.

Travailleurs et étudiants mobilisés le 24 avril 2018 à Bordeaux. Crédit Camille Chrétien

Cependant, attribuer ce regain d’importance à la simple prise de conscience des citoyens serait insuffisant. C’est en tout cas l’avis de Camille Bedock, sociologue au CNRS. Pour elle, « les manifestations contre la réforme des retraites sont traditionnellement celles qui mobilisent le plus. » Selon la chercheuse, cette cause a toujours été la lutte de prédilection des syndicats et leur a constamment permis de rassembler beaucoup de monde.

Une légitimité perdue ?   

Pourtant, à l’image des autres corps intermédiaires, les syndicats avaient complètement été éclipsés par ce mouvement inédit des Gilets jaunes. « Un refus de la hiérarchie et de toute représentation. » Voilà  les principales raisons du rejet évoquées par Charlie, Gilet jaune de la première heure. Cette volonté de s’affranchir de toute organisation et système « verticaux » qui a caractérisé le mouvement. Aux yeux de l’étudiant de 20 ans, leur mode d’action « trop mou est devenu inutile. »

Toutefois, les syndicats ont, aujourd’hui, à nouveau réussi à lancer un grand plan de contestation national. Contestation à laquelle les Gilets jaunes devraient se joindre. « Il y a au sein du mouvement un vrai débat autour de la forme de contestation. Mais la position dominante reste aujourd’hui celle de la convergence », précise Camille Bedock. Pour Charlie, « les syndicats devront accepter d’autres tactiques que les leurs s’ils veulent récupérer leur rôle d’antan. »

Paul-Guillaume Ipo

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