Et si… la fusion entre le Racing 92 et le Stade Français avait finalement eu lieu

Alors qu’une annonce de fusion avait été faite entre les deux clubs, le Racing 92 et le Stade Français ont finalement abandonné le projet, lundi 20 mars.

Le Racing 92, c’est le vainqueur du bouclier de Brennus en 2016 et le finaliste de la Coupe d’Europe de la même année. Son rival, le Stade Français, sacré 14 fois champion de France était le roi du ballon ovale dans les années 2000. Alors forcément quand on fusionne deux des clubs les plus prestigieux du rugby français, cela crée des étincelles. On a imaginé le scénario de cette fusion.

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29 avril 2017 – Le Stade Français reçoit le Racing 92, à Jean-Bouin. C’est historique. Le match de Top 14 sera le dernier entre les deux clubs franciliens, sur le point de fusionner. Au niveau de l’ambiance, c’est du jamais vu. Thomas Savare, le président du Stade Français et Jacky Lorenzetti, le dirigeant du Racing, sont assis côte à côte, arborant tous deux une écharpe panachée aux couleurs des deux clubs. On croit voir un match amical en tribune présidentielle.

Dans le reste du stade, les supporters ne savent pas sur quel pied danser. Alors que certains se résignent à accepter la fusion des deux équipes l’année prochaine, d’autres n’ont toujours pas digéré l’annonce. À la 27ème minute, une bonne partie des mécontents, majoritairement du Stade Français, envahissent le terrain et comptent bien y rester. Les stadiers sont impuissants. Le match est annulé. Le Racing l’emportera sur tapis vert.


15 juillet 2017 –  C’est officiel. La fusion est désormais effective. Sous la chaleur accablante qui règne au Plessis-Robinson, dans la banlieue huppée du sud-ouest parisien, Jacky Lorenzetti coupe fièrement le ruban d’inauguration du centre d’entraînement dédié à l’ovalie. Ce millionaire devient le premier président du club issu de la fusion du Racing 92 et du Stade Français.

Le logo du club est également dévoilé à la presse. Enorme surprise dans la salle de presse : le blason du Racing est finalement conservé, si ce n’est que les bandes blanches et bleues deviennent rose et bleues. On comprend vite que le maillot sera un copié collé de ces changements. Le nom de cette nouvelle entité sportive, le Racing 75 rappelle l’appartenance parisienne du Stade Français.

 

3 août 2017 – Comme dirait Jean Claude Van Damme, avec cette fusion, 1+1 =…1. Le regroupement des deux équipes ne permet pas de conserver tous les joueurs. La direction choisit donc de sélectionner les meilleurs éléments de chaque effectif pour constituer la nouvelle équipe. 

Un match est donc organisé entre les franciliens et les stadistes pour choisir les meilleurs rugbymens. La confrontation tourne court : la tension est à son comble jusqu’à ce que Sergio Parisse, l’ancien capitaine du Stade Français, craque. Sa grande gueule rend les relations difficiles avec son homologue du brassard, Dimitri Szarzewski. Les deux hommes en viendront aux mains, en plein match. Bagarre générale, fin du match.

Finalement sur décision des dirigeants, trente joueurs du Racing 92 intègrent l’effectif. Dix irréductibles parisiens complètent le reste de la formation.


16 Octobre 2017 – Sept mois après l’annonce hivernale de la fusion entre les deux clubs franciliens, la presse dévoile les clauses de l’accord. Outre la mise à l’écart d’un grand nombre de salariés via des plans de départs volontaires et le choix du stade où se joueront les matchs, certains détails n’ont pas échappé aux journalistes d’investigation. Jacky Lorenzetti, aurait, par exemple, exigé que le nouveau club se sépare du designer qui avait lancé la mode du rose et des fleurs sur le maillot du rival « stadiste ».

Anne Hidalgo est également citée par les médias. Mediapart lui attribue une part de responsabilité dans cette fusion. La maire de Paris souhaitait ce couplage sportif pour illustrer son projet du Grand Paris. Hidalgo aurait même décidé de prolonger la ligne 1 du métro parisien pour mener les spectateurs au pied de l’Arena 92, la nouvelle enceinte du club. De bon augure pour prouver au comité olympique qu’il faut choisir Paris comme hôte des Jeux Olympiques en 2024.

8 Fevrier 2018 – Malgré tout l’argent investi dans le projet, les résultats ne suivent pas. L’ambiance est au plus mal et la découverte de protèges tibia rose à l’effigie de l’ancien club du Stade Français ravive les tensions au sein du vestiaire. Le club descend alors en deuxième division, puis en fédérale la saison suivante.

Novembre 2020 – Le Racing 75 est sportivement au bord de l’implosion. Les joueurs, obligés de produire un calendrier érotique mensuel pour arrondir les fins de mois, acceptent également de danser dans la salle de spectacle cabaret de l’Arena. Le club est dissous au mois de décembre, mais une tournée mondiale « Moulin Rose » est organisée. Lorenzetti déclare même « j’ai fait les bons choix, cette fusion est une réussite ». Normal quand on sait que l’homme d’affaire favorise la programmation de concert dans l’Arena 92, sa salle de 32 000 places, plutôt que des matchs de son équipe de rugby.

21 Mai 2021 – Malgré l’échec cuisant de la fusion côté sportif, le concept est vite repris par Toulon. Son sulfureux président Mourad Boudjellal, qui n’est pas du genre à se défiler compte bien montrer au monde de l’ovalie que lui peut fusionner avec succès. Il trouve un accord avec le club de Clermont. Problème, aucun des deux clubs ne veut laisser ni son stade, ni ses supporters à l’abandon. Plutôt que de renoncer à la fusion qui comporte de trop nombreux arguments économiques et financiers pour les dirigeants, les deux clubs décident de jouer sur terrain neutre et établissent leur stade à mi-chemin entre les deux villes. Le choix est fixé à Lagorce, petite commune de l’Ardèche qui ne comptait même pas, avant ce remue ménage, un stade municipal.

30 Juin 2022 – Le club Toulonnais dépose à son tour le bilan après un an de galères et une descente en Pro D2. Mourad Boudjellal quitte alors définitivement le monde du rugby et se reconvertit en patron de parc de loisirs d’accrobranche. Il emmènera dans ses bagages le jeune retraité, Mathieu Bastareaud qui deviendra moniteur du club des 7-10 ans, les « Pilou-Pilou ». Une reconversion qui lui vaudra un reportage émouvant dans Stade 2.

3 Septembre 2022 – Au vu de ce chaos général, Bernard Laporte, le président de la fédération française de rugby, veut redresser la barre du navire français. Et priorité à l’équipe nationale ! Il rachète plusieurs internationaux qu’il met sous contrat avec la fédération. Une réussite pour l’équipe de France, qui gagne son premier mondial en 2023 à domicile. Comme quoi, peut être que la fusion entre le Stade Français et le Racing 92 aurait fait gagner aux tricolores leur premier trophée mondial…

 

Jules Lonchampt et Kevin Gaignoux

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