Et si… un parti d’extrême gauche arrivait au pouvoir?

16 AVRIL 2022 – Les sondages donnent Véronique Hamelon en tête au premier tour de l’élection présidentielle. Une femme. D’extrême gauche. La situation est inédite. Que faut-il espérer ?

Gauche Indivisible

Les militants affluent Place de la République à Paris, des milliers de sympathisants sont réunis autour de la statue de Marianne. Un seul slogan « tous solidaires ». Avec 32% des intentions de vote, Véronique Hamelon devrait remporter le premier tour haut la main, mais ses électeurs sont tendus. « Une femme et en plus d’extrême gauche, j’en rêve mais j’ai du mal à y croire ! » déclare Sylvain, membre de la Gauche Indivisible (GI) depuis sa formation en 2019.

Hamelon au pouvoir : quelles conséquences ?

Sans surprise, sa première mesure sera la création du GIFEP (Grèce, Italie, France, Espagne, Portugal) une alliance entre les pays de l’Europe du Sud opposés aux politiques d’austérité européennes. « On ne peut pas améliorer la situation sociale en France si l’on ne s’attaque pas aux racines du mal : L’AUSTÉRITÉ », affirmait Véronique Hamelon devant une foule en liesse lors de son meeting à Bercy en janvier 2022.

Cette alliance inquiète particulièrement la Droite Extrême, le parti issu de la fusion entre Les Républicains et la frange la plus libérale du Front National dirigée par Marion Maréchal Le Pen. Selon lui, Véronique Hamelon n’est que le pantin de Pablo Iglésias. C’est effectivement le leader de Podemos, le parti de la gauche radicale espagnol, qui l’avait propulsée sur le devant de la scène lors de la renégociation de la dette grecque en 2018.

Pablo Iglesias lors du rassemblement aux Buttes Chaumont à Paris
Pablo Iglesias lors du rassemblement aux Buttes Chaumont à Paris qui avait lancé le mouvement Gauche Indivisible en avril 2019

Véronique Hamelon est très attendue sur ses réformes économiques qui constituent le pilier de son programme : limitation du temps de travail à 32 heures, plafonnement des salaires à 8 fois le montant du SMIC, mise en place de l’actionnariat salarié obligatoire.

Des mesures qui suscitent l’ire des militants de la Droite Extrême, « plafonnement des salaires, actionnariat salariale et puis quoi encore ? Interdiction de gagner de l’argent ? » s’exclame Patrick Balkany dans un tweet virulent.

Les membres du gouvernement déplorent la tournure que prennent les choses. Jacques Attali, ministre du travail sous la présidence d’Emmanuel Macron, regrette que sa réforme sur le temps de travail n’ait pas été comprise par les citoyens : « c’est le paradoxe des français, ils veulent que tout change, mais ils s’opposent systématiquement aux réformes ».

Enfin une décision très polémique, Véronique Hamelon s’est engagée à réunir une Assemblée constituante qui participerait à la rédaction d’une nouvelle Constitution. Une fois le texte approuvé, un référendum serait organisé pour décider de l’avènement d’une VIe République. Emmanuel Macron appelle les français à la plus grande prudence vis-à-vis de promesses qu’il qualifie de « populistes ». « Le plus dur en temps de crise, c’est de ne pas céder aux propositions alléchantes des populismes. Ce que je veux, c’est que nous arrêtions de raisonner à titre personnel. Ce que je veux, c’est que les français se demandent ce qu’ils peuvent faire pour leur pays. Voilà le projet que je défend. C’est mon projet, C’est NOTRE projet ! »hurle-t-il Place du Trocadéro à Paris.

 

Laure Giuily

Merci à Viviane Albenga, Maitresse de conférences en Sociologie à l’IUT Bordeaux Montaigne qui a bien voulu nous aider à imaginer un tel scénario.

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