Radio Campus Bordeaux, ou l’art de la débrouille

Radio Campus est la radio associative de l’université Bordeaux Montaigne. Perchée en haut d’un des bâtiments peuplant le campus de Pessac, elle ne dispose cependant pas de beaucoup de moyens pour se développer. Bienvenue dans le système D.

Nicolas Gruzska, animateur multi-casquette.
Nicolas Gruzska, animateur multi-casquette.

4 CDI, 1 service civique, et des centaines de bénévoles. Nicolas Gruszka fait partie des salariés permanents de la radio, où il y anime son émission quotidienne, « L’Ascenseur ». Derrière son micro, l’animateur se dédouble afin de gérer en même temps le bon déroulement technique de son émission. Plus qu’un animateur, il est aussi technicien, administrateur… et s’occupe de la communication. Et c’est parfois difficile de gérer la multi-casquette.

« C’est clairement l’art de la débrouille. Par exemple, personne ne se charge de l’administratif dans le local. Du coup, on perd pas mal de temps sur les mails, sur les appels téléphoniques et l’accueil. En ce qui concerne la technique, on a un bénévole qui se débrouille bien et qui nous aide, mais ça durera jusqu’à ce qu’il décide de partir. »

Beaucoup de bénévoles, donc, mais peu d’entre eux sont vraiment formés pour prêter main forte. Et ce n’est pas un budget annuel de 100.000 euros, accordé par l’université et le Fond de Soutien à l’Expression Radiophonique (FSER), qui aide à combler ce manque. Selon Nicolas, la moitié de l’aide financière permet de rémunérer les salariés de l’association. Ce qui laisse ensuite une marge pour payer les droits d’auteur (SACEM), le remplacement du matériel « si celui-ci n’est pas trop coûteux » et très peu -ou pas- de budget pour subventionner le développement de nouveaux programmes.

Du coup, le matériel vieillit et lorsqu’il se casse, il n’est pas toujours remplacé. En entrant dans l’un des deux studios d’enregistrement, on remarque des morceaux de scotch par-ci par-là sur le « Phoner » -la console d’enregistrement-, en attendant qu’il puisse être réparé.  Système D, on a dit.

« Notre matos est parfois tellement vieux qu’on ne peut pas en faire la maintenance. Un jour, il a fallu qu’on fasse venir un technicien du fin fond de la Gironde pour réparer un condensateur, parce que toutes les entreprises qu’on avait contacté avant étaient incapables de le faire. »

Si Nicolas prend cela avec philosophie, il aimerait pourtant pouvoir donner un peu plus de vie à la programmation. Il souhaiterait dynamiser les longues plages musicales séparant les émissions en créant des « animations de flux », sortes d’intermèdes « pour qu’il y ait tout le temps de la vie à l’antenne ». Il s’attèle donc à cette tâche lorsqu’il ne travaille pas sur son émission.

J’aimerais beaucoup qu’on puisse accueillir d’autres stagiaires, mais malheureusement notre bureau n’est pas forcément optimisé pour ça. Il nous faudrait des Community Manager, des gens qui s’occupent à la création de flyers pour faire parler de nous, parce que pour l’instant notre seule com’ passe par Facebook et ce n’est pas suffisant.

Ainsi que d’un webmaster, car le site de la radio n’est pas à jour. De plus, les podcast ne sont disponibles que via Soundcloud lorsque l’on accède à la page Facebook de l’émission. Pour la visibilité, on repassera aussi.

Pourtant, malgré les aspects négatifs, Nicolas s’y plaît.

Il y a énormément de choses à redire, mais on garde une liberté sur notre programmation, on fait ce qu’on veut ! Je réfléchis au futur, mais tant que je n’aurai pas l’opportunité de travailler dans des conditions équivalentes, je n’ai pas envie de perdre tous ces privilèges.

 

Kathleen Franck

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