La femme qui dit non : Emma Gaubert, jeune militante féministe

La rébellion s’écrit au féminin. Au nom de la justice, de l’égalité, du respect. Murmurées ou hurlées au mégaphone, leurs revendications dérangent. Imprimatur web célèbre les femmes rebelles qui combattent au quotidien, loin des projecteurs de la Journée de la femme.


« Ce n’est pas tellement une question de rebellion, mais plutôt de représentation »
Crédit photo: Kathleen Franck

Emma Gaubert a une présence remarquable.  A 18 ans, cette jeune étudiante féministe en première année de Sciences politiques à Bordeaux fait preuve, à travers ses paroles, d’une assurance et un engagement bien au-delà de ses années. Militante d’abord avec SOS racisme, puis brièvement chez Amnesty International, les actions auxquelles elle participe aujourd’hui se concentrent surtout autour des droits des femmes et du féminisme. Ici, elle nous parle capitalisme, représentation et femmes inspirantes.

As-tu déjà participé à des mouvements d’actions féministes, et que prévois-tu pour ce 8 mars, journée internationale des femmes ? 

J’ai aidé à l’organisation de la Women’s March le 21 janvier à Bordeaux, c’était une super journée d’action. Mercredi, je prévois de quitter les cours à 15h40, c’est l’heure à partir de laquelle les femmes ne sont plus payées pour travailler. Il s’agit d’une grève générale, où l’on montre symboliquement l’importance de l’activité économique féminine. Je m’habillerai en rouge également, pour me distinguer, et je ne consommerai pas.

Pourquoi ne pas consommer ?

Le féminisme a des racines anti-capitalistes, du fait que le capitalisme participe massivement à l’oppression des femmes. Ne pas consommer, c’est montrer que l’on renie cette oppression économique et idéologique.

Y a-t-il des femmes rebelles qui t’ont particulièrement inspirée ? 

Il y en a tellement ! Une multitude… Si je devais en parler seulement de quelques-unes,  je citerais sûrement Manon Cormier. C’était une écrivaine féministe bordelaise, qui était résistante pendant la deuxième Guerre Mondiale. Pour moi, elle représente vraiment le courage féminin et celui de la résistance. Je l’ai découverte en faisant des recherches au début de l’année pour trouver un nom pour la promo. Je voulais trouver quelqu’un de qui on pourrait être fier de porter le nom… Finalement, ils ont choisi Hannah Arendt, ce que je trouve dommage parce qu’elle n’était pas vraiment engagée dans la cause féminine.

Après, je citerai Simone de Beauvoir, qui était une femme extraordinaire et une grande écrivaine. Le Deuxième Sexe est une oeuvre qui m’a beaucoup inspirée. Je suis une grande “Potterhead” aussi, donc clairement Emma Watson et ses actions féministes, je pense surtout à ces photos polémiques qu’elle a diffusées en ligne.

Les femmes, les jeunes comme toi notamment,  doivent-elles continuer à se rebeller aujourd’hui ? 

Je ne pense pas que ce soit une question spécialement de rebellion, mais plutôt de représentation. Les voies des femmes sont beaucoup plus ouvertes maintenant que par le passé, mais il reste tellement de travail à faire. Le fait qu’on ne se fasse toujours pas payer autant que les hommes, par exemple… Sur ce point-là, c’est vraiment au niveau économique qu’il faut se battre.

La parité est un champ de bataille important aussi. A l’Assemblée Nationale, on n’arrive toujours pas à une représentation à 50/50. C’est indéfendable d’avoir encore tellement d’inégalités. La plupart des postes dans les hautes fonctions sont toujours pourvus par des hommes, on demande simplement que ces postes soient également répartis. Je suis tout le temps étonnée par le fait que ce soit encore un débat.

Qu’est-ce que tu dirais à ces jeunes femmes qui se disent ‘anti-féministes’ ? 

Cette idée d’anti-féminisme montre pour moi à quel point cette idée de la supériorité masculine est ancrée dans les esprits. Toutes les femmes sont touchées par ces problématiques-là. Je pense par exemple au droit à l’avortement, aux limitations que Donald Trump va mettre en place. Notre corps nous appartient, pourquoi des vieux hommes auraient un quelconque droit sur ce qui est nôtre à part entière ? Aucune femme n’est jamais allée vers un homme pour lui dire comment se servir de ses organes reproductifs… Je pense que je dirai que l’anti-féminisme est auto-répressif, et qu’il suffit de regarder les faits, qui sont appuyés largement par des études, pour voir que la cause féministe a un sens.

Que reste-t-il à faire ?

Il ne reste plus qu’à continuer ; nous avançons lentement mais surement vers l’égalité. Devenir égaux, c’est un combat sur long terme. Pour y parvenir, plusieurs batailles doivent encore être menées.

 

Propos recueillis par Amy McArthur

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