Le scroll du jour : au Brésil, le Parti des travailleurs dans la tourmente

Au Brésil, le pouvoir est empêtré dans un scandale politique, sur fond de crise économique. Depuis plusieurs jours, des manifestants scandent leur colère dans les rues de Sao Paulo, Brasilia ou Rio de Janeiro. Pourtant, on entend peu parler des rassemblements pro gouvernement.  

Dilma Rousseff et l'ancien président Lula.
Dilma Rousseff et l’ancien président Lula.

« Un Brésil au bord du chaos politique », titre RFIDes mots repris par L’Obs, qui s’attache à expliquer le « come-back raté » de l’ancien président Lula. Francetv Info retrace le contexte de la crise. Depuis la réélection de Dilma Rousseff, le chômage explose, l’inflation est à son apogée et l’exaspération à son comble. Aucune trace dans ces papiers de la position des partisans du gouvernement qui crient au coup d’Etat.

Hormis les rédactions tournées vers l’international, la presse française se cantonne dans sa grande majorité à reprendre les dépêches AFP, comme Le Figaro ou le site 20minutes.fr. Preuve, s’il en fallait, que l’actualité latino-américaine, et a fortiori celle du Brésil qui est pourtant la septième économie mondiale, n’est pas prioritaire dans les rédactions.

Des scandales sous forme de poupées russes

Au début du mois de mars, nouveau coup de tonnerre dans le monde politique brésilien. L’ancien président Lula, mentor de l’actuelle présidente, est entendu par la justice et une perquisition a lieu à son domicile. Il est soupçonné « d’occultation de patrimoine », et son nom est cité dans le scandale Petrobras. En début de semaine, sous prétexte de sortir du marasme économique, Dilma Rousseff rappelle son prédécesseur au pouvoir et le nomme à un poste équivalent à celui de chef de cabinet du gouvernement. Mais un juge suspend cette nomination, explique LeMonde.fr, qui parle de « duel » entre Lula et la justice. Néanmoins, Lula a quand même été investi à son nouveau poste jeudi 17 mars, l’exécutif ayant fait appel de la décision judiciaire.« L’icône déchue de la gauche brésilienne », tranche L’Obs.

« Lula, l’icône fracassée », titre pour sa part le quotidien Libération, qui semble ne plus se faire d’illusions. « Du héros ouvrier au politicien contesté », écrit Europe 1, qui dresse un portrait de l’homme et cite une phrase qu’il a prononcée dans les années 80. « Au Brésil quand un pauvre vole, il va en prison. Quand un riche vole, il devient ministre! ». Prophétique ? C’est ce que suggérerait la lecture du Courrier International. Mercredi, le contenu d’écoutes téléphoniques entre les deux tenants du Parti des travailleurs est révélé. Et c’est accablant, note toujours Libération. « Ne t’en sers qu’en cas de nécessité », confie Dilma Rousseff à Lula, à propos de sa nomination au gouvernement. Une petite phrase qui met le feu aux poudres, analyse Vice News. Ce serait la preuve que la nomination de Lula au gouvernement n’est qu’une manœuvre politicienne pour le mettre à l’abri de déboires judiciaires. 

« Au Congrès, les députés de l’opposition ont également laissé éclater leur colère en criant à l’adresse de la présidente : “démission, démission !” « , rapporte le Courrier International. Jeudi 17 mars, une nouvelle procédure de destitution a été lancée à l’encontre de Dilma Rousseff. Dans les médias occidentaux, la crise est surtout couverte sous l’angle de la contestation du pouvoir. On parle des manifestations de l’opposition, peu des manifestations pro gouvernementales. Qui pourtant existent bel et bien. Francetv Info s’attache à le démontrer. « Le pays est divisé entre les pro et les anti Lula », analyse le pure-player, qui relève que d’après Courrier International, certains médias soutiennent le gouvernement sans condition, comme le site Brasil247. Francetv Info souligne aussi un rassemblement en soutien à Lula qui a eu lieu dans une université de Sao Paulo, couvert par RFI.

France 24 rapporte que jeudi 17 mars, jour de l’investiture de Lula, « partisans et adversaires de Lula se sont brièvement affrontés devant le palais présidentiel à Brasilia. La police a fait usage de gaz lacrymogènes pour mettre fin à ces heurts et disperser 300 militants de l’opposition qui cherchaient à pénétrer sur le parvis, occupé par un nombre équivalent de partisans de la majorité. » Une mention assez rare pour être notée du soutien des Brésiliens à l’actuelle et à l’ancienne présidence.

Clarisse Martin

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