Service civique : une vison « paternaliste » du vivre ensemble ?

Depuis les attentats de janvier 2015, la question du service civique revient en force Présenté comme un moyen « d’intégrer la jeunesse à la République » et de « faire société », ce dispositif fait échos à ce que fut un temps le service militaire.

Marc Bessin (dir.), Autopsie du service militaire, 1965-2001, Paris, Autrement.

Pour Marc Bessin, professeur à l’Ecole supérieur des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) et auteur de Autopsie du service militaire (1965-2001), le modèle du service militaire est aujourd’hui totalement « anachronique ». Forme de rite de passage imposé aux hommes de chaque génération, la conscription rend les hommes politique actuels nostalgique du « bon vieux temps ».

Dans l’imaginaire français, le service militaire était le garant d’un mélange des différentes classes sociales. C’était un moment où les hommes se retrouvaient tous sur un pied d’égalité sans différence de traitement. Un véritable rite républicain. C’est oublier, dans les dernières décennies de ce service, les exemptions de plus en plus nombreuses des jeunes hommes issus des classes les plus aisées. Avant sa suppression en 1997 par Jacques Chirac, la conscription était déjà devenue obsolète car « le mode d’accès à l’âge adulte avait changé, il ne nécessitait plus forcément des rites de passage », explique Marc Bessin.

Vers un nouveau modèle

Le service civique doit donc imaginer de nouveaux modèles d’intégration et dépasser le souvenir tenace du service militaire. Marc Bessin questionne notamment l’assignation du service civique aux moins de 25 ans. Toute personne devrait pouvoir faire société, non pas seulement en payant un impôt, mais aussi en donnant de son temps et cela n’est pas réservé aux jeunes. Selon lui, « cette manière d’assigner [le service civique] aux jeunes est une dimension paternaliste qui ne me semble pas à la hauteur des enjeux du vivre ensemble à tous les âges ». Une piste de réflexion, donc, pour imaginer le service civique de demain.

Maïder GERARD

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