Les souvenirs de Jérôme Millagou

Grand reporter à RTL, au service des sports, Jérôme Millagou a couvert cinq coupes du monde de football(1998, 2002, 2006, 2010, 2014), trois championnats d’Europe (2004, 2008, 2012), 3 jeux olympiques d’été (2004, 2008, 2012), quatre jeux olympiques d’hiver (1998, 2002, 2006, 2010). Il a accumulé les souvenirs de carrière en commentant les matchs et en réalisant son métier de journaliste. Voici les cinq grands moments de sa vie professionnelle

  • 1998 : En France, la ferveur

« C’était la première. Je l’avais couverte pour le service « Infos générales », sous l’angle festif. Très vite, l’ampleur des événements fait que le service des sports avait besoin de renforts. Je me suis retrouvé à suivre les matchs de l’équipe de France côté coulisses. L’effervescence autour de la montée en puissance de l’équipe de France était assez impressionnante.

L’une des images qu’il me reste, c’est lorsque je pars à Clairefontaine pour suivre la nuit des Bleus. Pour aller là-bas, il faut traverser une zone boisée avec zéro habitations. Et sur ce chemin au milieu de la forêt, ce soir-là, vers une heure du matin, il y avait du monde partout, avec des drapeaux. La France était dans la rue. »

 

  • 2002 : A Salt Lake City, les jeux olympiques d’hiver sous tension

« C’était les premiers jeux d’hiver après les attentats du 11 septembre. Et ça m’avait marqué, car les Américains ne transigent pas sur la sécurité. Lors de la cérémonie d’ouverture, ils nous avaient fait patienter quatre heures dans le froid pour laisser passer la voiture de George W.Bush, à chaque checkpoint de sécurité, il fallait compter une heure de plus. C’était un réflexe qui se comprenait. Là où le sport est une bulle de paix, c’est que la sécurité s’est assouplie de manière remarquable. Il y avait toujours une fouille des sacs, le déminage des voitures, mais les GI’s américains se détendaient. Le sport arrive, l’espace d’une quinzaine, à apaiser tout cela. »

  • 2008 : Quand la géopolitique s’invite à Pékin

« D’abord, lors de la cérémonie d’ouverture de Pékin, j’ai eu très chaud. Elle était interminable, cela a duré plus de quatre heures. Le stade était une couscoussière. Il faisait moite. On avait l’impression de cuire à petit feu. Devant moi, mon ordinateur avec les dépêches AFP. On était à côté de la tribune présidentielle. On reçoit une dépêche qui nous dit : La Russie attaque la Géorgie. Et on voit alors Poutine s’éclipser puis revenir. Et il se rassoit à deux rangs du président géorgien. Et ils étaient là comme si de rien n’était.

Ensuite, la Chine a mis tout ce qu’elle pouvait dans ces jeux. Ce sont un peu les jeux de la démesure. »

  • 2010 : Mandela et Knysna en Afrique du Sud

« J’en garde une émotion particulière, déjà parce qu’on est en Afrique dans le pays de Mandela. C’était la dernière apparition publique de Mandela. Il est apparu dans une sorte de voiturette de golf, en fauteuil roulant. Il y a eu un frisson dans le stade de Johannesburg, qui dépasse le cadre stricto sensu du sport, un côté universel.

Après, tout ce qu’on a vécu avec l’équipe de France à Knysa, c’était rocambolesque. C’était un vrai tremblement de terre il y a 6 ans, mais au regard de l’Histoire, cela reste quand même bien dérisoire.»

  • 2014 : L’étonnante défaite de la Séleçao au Brésil

« J’étais à Belo Horizonte pour le match entre le Brésil et l’Allemagne (1-7). Et là, c’est un pays qui s’effondre. On a beau avoir pu lire des choses sur la coupe du monde 1950 (ndlr : organisée et perdue par le Brésil) où le pays avait sombré dans la dépression pendant 2 ans, là, en l’espace d’une soirée, le pays s’est arrêté, pris de stupeur. Comme son équipe nationale, il est K.O.

Un de mes confrères était sur la plage à Copacabana, qui regardait avec les habitants de Rio le match devant l’écran géant. Il y eut un orage terrible au moment du deuxième ou troisième but des Allemands, comme si les cieux s’étaient mêlés de cette affaire-là. Dans le stade, les gens ne comprennent pas ce qui se passe. Ils s’attendaient à tout sauf à ça. Pendant la coupe du monde, à chaque fois que le Brésil marquait, il y avait une clameur, on avait l’impression d’entendre le pays entier. Et là, il y avait un silence dans les rues. On se serait cru dans une ville de western. Après cette élimination en demi-finale, le pays est resté hébété pendant au moins 48h. »

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Propos recueillis par Mickael Chailloux

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